En vérité, tout n'a pas changé comme je l'aurais voulu.
En vérité il reste des milliards de choses sur lesquelles je piétine encore maladroitement.
En vérité, je n'en ai pas tout à fait fini avec ma théâtralisation de vide, mes crachats et mes déboires. C'est juste que ça change de format, de forme et de couleurs. Pas de fond.
Puisque moi aussi, mon équilibre nécessites nouveauté, renouvellement, sensations excitantes et vie palpitante ; je suis passée à la concurrence.
[mes mains ne tremblent qu'un peu, les uns s'effritent, s'effilochent, les autres s'emboîtent. Du bon et du mauvais. De l'ennuyeux et du merveilleux. Et du sourire, de grands sourires dans lesquels on croit. Et s'il ne reste plus grand chose, bientôt plus rien, on se débrouillera quand même. - et si je meurt cérébralement, vous pouvez donner mes organes.]
Un homme digne de ce nom ne fuit jamais. Fuir c'est bon pour les robinets. (Boris Vian) * *
C'est doux d'être en vacances, de se laisser porter par des livres, d'aller se promener dans la forêt chaque jour, ça faisait tellement longtemps que je n'avais plus apprécié de me promener.
Il fait beau, je me sens bien, apaisée, je ne sais pas comment sera demain, mais je sais que ça sera bien.
J'ai furieusement envie de douceur, de calme et de choses saines.
Mon pc m'ennuie assez en fait, tout y est plutôt morne par ici, et la seule chose qui me donne envie de l'allumer, ce sont ses mails qui m'accrochent un immense sourire pour toute la journée sur le visage.
et puis là: mazarevitch (album très bientôt)
Je ne sais pas ce que j'aurais préféré. Qu'il me dise qu'il n'avait rien vu ou qu'il n'avait rien dit. Je crois que les deux m'auraient été douloureux en fait.
On avait passé un drôle d'après-midi, courru dans tous les sens, se perdre, se séparer, se retrouver, et se séparer à nouveau.
J'étais tout juste retombée sur lui en sautant de justesse dans mon train, compressés les une contre les autres à côté de la porte des chiottes.
On s'est finalement assis l'un en face de l'autre accompagnés d'un monocycle, au milieu de l'allée. L'impression de se retrouver un an en arrière pour peu que l'on se soit touchés.
Rit, discuté, avec détachement et fusion à la fois. Impression bizarre qui reste toujours en suspension depuis cinq mois.
Quand on s'est retrouvés posés face à face sur nos deux sièges, ma question tournait depuis trop longtemps dans ma tête et j'ai profité du court moment de solitude qu'on avait.
- Dis, il faut quand même que je te demande un truc, faut que je sache.
Amenant la chose le plus délicatement qu'il m'était possible, (... ) tu savais de quoi je parlais ?
-Non (...) j'ai jamais fait gaffe.
Pas fait gaffe, en un an à se parcourir ; pas fait gaffe. En même temps, l'autre réponse ne m'aurais pas plus fait plaisir.
J'ai souri doucement, mi soulagée, mi cynique. Mais ç'aurait été injuste de lui en vouloir.
On a en a un peu parlé, sans s'aggresser, avec le plus de douceur que cela permet, avec ce profond respect qu'on a gardé l'un pour l'autre.
Moi ne lui montrant pas que ça me faisait mal, que ça suggérait bien trop ce qui avait cafouillé ; lui cherchant à me comprendre, sévèrement, mais plein de précautions, sans mépris.
Finalement, ça m'aura prouvé qu'il y a quelques mois, je n 'ai pas vraiment eu tort. C'est bien mieux maintenant, c'est plus joli, et on communique presque pour de vrai. En fait.
J'avais besoin d'éclairer mon côté, lui ne l'a pas fait, s'il avait quelque chose à savoir.
J'aurais voulu pouvoir lire à travers lui, savoir ce qu'il a ressenti quand j'ai prononcé les mots, si ses souvenirs ont fait le chemin inverse, précisés, et si des choses floues sont devenues claires tout à coup. Je sais souvent le deviner, mais là j'étais perdu, il ne laissait rien transparaître.
Je ne cherchais pas à lui faire du mal, je ne lui en veux même pas [même si, je ne peux m'epêcher de penser que lui...]. Il fallait juste que je sache.
J'aime entrer dans la vie des autres, connaître une infime partie de leur quotidien, de leur intimité, leurs rêves, leurs envies, leurs douleurs, leurs difficultés.
Pas toujours, bien sûr, desfois les gens ne savent pas parler d'eux ; desfois ce que les gens racontent est foutrement chiant aussi.
Mais accéder un petit peu à tout donne le sentiment bien sûr factice mais plaisant d'accéder à leurs tréfonds, de les connaître, d'en être proche, d'être important - plus important parce qu'on sait mieux que les autres. De partager quelque chose avec eux, en somme.
Et c'est petit à petit qu'on apprend à poser les questions, à être indiscret sans le paraître, à poser les questions qui fond parler, celles que l'autre attend Comme ça aussi qu'on désapprend à parler, à se raconter.
Je me fous des rumeurs, moi j'aime garder les morceaux d'intimités récoltés comme une collection, que je cache égoïstement et qui n'a de sens que parce qu'elle sert à remonter mon amour propre au-dessus de l'axe des abscisses et enlever le - qui surplombe le x² de mon sourire.
- mauvais goût mon amour. -
Ce n'était qu'un brouillon pourtant j'y avais passé deux ou trois heures.
Bien six mois que je n'avais plus rien enregistré.
Tout n'était presque que de la première prise, hasardeuse et aléatoire, irrégulière, mais spontanée. Juste ce que je voulais pour entrevoir.
Une guitare et demi, kazoo, voix.
Mon ordinateur qui plantait régulièrement (saint logiciel qui sait récupérer les sessions), le disque dur qui saturait, mais je voulais ajouter cette putain de ligne de basse.
Tenté un subterfuge, enregistré, réouvert : 12 secondes. Pour trois heures de boulot : 12 ridicules secondes d'arpège même pas beau et quelques notes de kazoo. Tout ce qu'il en reste.
GnaaaAAAEEEEEEEEUUUUUUUUUHHHHH!!!
(je veux un nouveau pécéééé - et un gros disque dur et une bonne carte son aussi-, mais un nouveau pécé surtout !)
[m'en vais massacrer Where is my mind pour la peine. na]
J'étais venue pour prendre ceci, et puis en fait j'y ai aussi trouvé cela.
(quand même ça se fait pas de pas prévenir)
(et cette fois soit c'est le dernier parce qu'il s'appelle cette fois, c'est fini, qu'il y a beaucoup de vignettes qui font une page entière, et qu'il fait 56 pages au lieu de 63 -quoique je me demande si le mien n'est pas tronqué-,
soit il y en a encore un pour remplir la page derrière.)
Je revenais d'une journée douce et sautillante, une journée joyeuse et rafraîchissante.
Il m'avait accompagnée une demi heure à marcher dans le froid jusqu'à l'arrêt de bus. Ca faisait longtemps qu'on n'avait plus discuté. C'était chouette.
Quand j'ai apperçu la lettre posée sur la table en entrant, j'ai tout de suis su, reconnu les courbures de l'écriture de loin. Et puis ça faisait deux mois que j'attendais qu'elle soit là.
M'a fait du bien, m'a confirmé ce que je pensais, m'a fait sourire, m'a fait me sentir bien.
Je devrais peut-être t'en vouloir, rien que pour avoir attendu si longtemps, et pourtant je ne peux pas, je ne peux plus. je ne peux m'empêcher de te comprendre, de t'excuser. J'ai peut-être tort, peut-être que je ne devrais pas me dire que ce n'est peut-être pas complètement terminé, mais j'en ai envie. Et ne t'inquiètes pas, j'étais trop bien avec toi pour pouvoir te détester.
C'était vraiment une jolie journée, une drôle de journée.
Je voudrais qu'elles soient toutes comme ça.