Il y a des endroits, on s'y sent tellement bien qu'on aimerait ne jamais en revenir.
Retour à la civilisation après deux semaines coupées du monde, après un mois sans dormir seule, après deux semaines de bulle de Limousin.
J'ai la tête embourbée dans des couche superposées de souvenirs.
Juste avant de partir, je ne voulais plus y aller. En arrivant, je voulais repartir. Et dimanche soir, plus aucune envie de rentrer chez moi.
On était tellement bien dans notre petit trou, à habiter, à hanter notre chateau, notre petite ruine habitée de chauve-souris et de chouettes, qu'on l'a désherbée, animée, présentée, vantée, parcourue dans tous les sens ; habitée, comme chez nous.
Parce qu'on était ceux qui en ont entendu l'histoire quarante douze fois, ceux qui en connaissent les détails, les recoins et qui se promènent là où il est écrit "interdit danger".
Notre chateau qu'on l'a vu vide, rempli d'étoiles filantes, de touristes, qu'on la vu embrasé, garni de contes, de fakir, de magicien, de jongleur, de cracheurs de feu, et d'un spectacle de feu.
Notre chateau qu'on en a été les bienfaiteurs deux toutes petites semaines, à finir par s'y attacher.
Il y a des souvenirs de moments, d'instants, de rires en vrac, de chansons, d'expressions, de torches, de costumes, d'herbes et de fiertés. Des souvenirs de gens tout en tas, passer de la méfiance à la sociabilité, jusqu'aux affinités. Apprendre le contact, la communication, la communauté, les autres, y trouver à peu près sa place, jusqu'à s'y sentir bien. Absolument bien.
Et puis j'ai appris la vie en communauté, j'ai appris la communication, appris à avoir, à me faire une place. J'ai appris que je pouvais exister, à mes yeux et ceux des autres, être considérée, nommée, même à mon insu. J'ai appris que je pouvais être palpable et interactive. Je me suis découverte sociable, et aussi à vomir un temps ceux de qui je devais être proche. Pendant deux semaines, j'étais les autres autant que moi, pendant deux semaines je me suis presque jamais sentie seule.
A partir de vendredi, après la fête médiévale, on est passé de beaucoup à une vingtaine, puis deux en moins samedi, puis hier on n'était plus qu'une dizaine, puis 4, 3, 2 et finalement me retrouver toute seule à crever la nuit en silence dans mon dernier train.
Aucune envie de repartir, des adresses échangées en vitesse, avec des projets de se revoir dans tous les sens, une lettre de remerciement grifouillée ensemble, une dernière nuit blanche à cinq après deux semaines de nuits très courtes -mais on chie au nez de la fatigue-, comme pour en profiter vraiment jusqu'au bout, parce que c'est toujours à la fin que sont les meilleurs moments. Pas de vrais au revoir, juste une dernière chanson, trique d'enfer immondes batârds, et les éléphants barrissent parce que c'est ainsi, à mon avis, qu'est née, la jonglerie pour finir sur de chouettes sourires.
Et il y a eu lui, qu'on s'est un peu tombés dessus sans que je m'y attende. Il y a eu tous ces changements dans ma tête, tous ceux qu'il va y avoir dans mon quotidien, et puis toutes ces émotions, ces sentiments bizarres auxquels on s'attendait ni l'un ni l'autre ; grosse boufée d'air mais futain, qui fout la trouille.
Un chantier, celui-là en tous cas, c'est bien trop de choses à raconter, bien trop de choses géniales, qui se balladent en vrac et forment des piles de souvenirs qu'on triera jamais, parce que c'est bien plus chouette de les garder en désordre. C'est tellement de rires et de jolies choses que c'est impossible à raconter. Mais au moins, on sait qu'éparpillés un peu partout dans la France et en Allemagne, des gens qu'on finira probablement par oublier pour la plupart auront des souvenirs communs aux nôtres.
J'aurais aimé pouvoir raconter ça joliment, de manière ordonée, précisément et sans rien oublier, en donnant aux choses, aux gens, aux moments, l'importance qui leur est dûe. Mais il y a bien trop de trucs qui se cognent et qui trébuchent dans ma tête pour que j'en sois capable. J'aurais aimé pouvoir mieux retranscrire, avec les mots justes, à quel point c'était génialissime, mais j'y arrive pas. Excusez-moi. C'était génialissime. J'aimerais y être encore.
J'ai sûrement changé, en tous cas je le crois. J'ai appris des tas de choses, la sociabilité et la communication même. Surtout. Et aussi qu'il vaut quelquefois mieux être plusieurs que juste à deux.
Et puis j'ai appris [il m'a appris] à avoir des envies, des rêves, des projets et des résolutions plein la tête, et à vouloir les réaliser. Pour de vrai cette fois. Alors si je ne glandouille plus sur mon pc comme avant, ce sera normal, et si je le fais encore, que l'on m'engueule. merci.
J'ai la tête embourbée dans des couche superposées de souvenirs.
Juste avant de partir, je ne voulais plus y aller. En arrivant, je voulais repartir. Et dimanche soir, plus aucune envie de rentrer chez moi.
On était tellement bien dans notre petit trou, à habiter, à hanter notre chateau, notre petite ruine habitée de chauve-souris et de chouettes, qu'on l'a désherbée, animée, présentée, vantée, parcourue dans tous les sens ; habitée, comme chez nous.
Parce qu'on était ceux qui en ont entendu l'histoire quarante douze fois, ceux qui en connaissent les détails, les recoins et qui se promènent là où il est écrit "interdit danger".
Notre chateau qu'on l'a vu vide, rempli d'étoiles filantes, de touristes, qu'on la vu embrasé, garni de contes, de fakir, de magicien, de jongleur, de cracheurs de feu, et d'un spectacle de feu.
Notre chateau qu'on en a été les bienfaiteurs deux toutes petites semaines, à finir par s'y attacher.
Il y a des souvenirs de moments, d'instants, de rires en vrac, de chansons, d'expressions, de torches, de costumes, d'herbes et de fiertés. Des souvenirs de gens tout en tas, passer de la méfiance à la sociabilité, jusqu'aux affinités. Apprendre le contact, la communication, la communauté, les autres, y trouver à peu près sa place, jusqu'à s'y sentir bien. Absolument bien.
Et puis j'ai appris la vie en communauté, j'ai appris la communication, appris à avoir, à me faire une place. J'ai appris que je pouvais exister, à mes yeux et ceux des autres, être considérée, nommée, même à mon insu. J'ai appris que je pouvais être palpable et interactive. Je me suis découverte sociable, et aussi à vomir un temps ceux de qui je devais être proche. Pendant deux semaines, j'étais les autres autant que moi, pendant deux semaines je me suis presque jamais sentie seule.
A partir de vendredi, après la fête médiévale, on est passé de beaucoup à une vingtaine, puis deux en moins samedi, puis hier on n'était plus qu'une dizaine, puis 4, 3, 2 et finalement me retrouver toute seule à crever la nuit en silence dans mon dernier train.
Aucune envie de repartir, des adresses échangées en vitesse, avec des projets de se revoir dans tous les sens, une lettre de remerciement grifouillée ensemble, une dernière nuit blanche à cinq après deux semaines de nuits très courtes -mais on chie au nez de la fatigue-, comme pour en profiter vraiment jusqu'au bout, parce que c'est toujours à la fin que sont les meilleurs moments. Pas de vrais au revoir, juste une dernière chanson, trique d'enfer immondes batârds, et les éléphants barrissent parce que c'est ainsi, à mon avis, qu'est née, la jonglerie pour finir sur de chouettes sourires.
Et il y a eu lui, qu'on s'est un peu tombés dessus sans que je m'y attende. Il y a eu tous ces changements dans ma tête, tous ceux qu'il va y avoir dans mon quotidien, et puis toutes ces émotions, ces sentiments bizarres auxquels on s'attendait ni l'un ni l'autre ; grosse boufée d'air mais futain, qui fout la trouille.
Un chantier, celui-là en tous cas, c'est bien trop de choses à raconter, bien trop de choses géniales, qui se balladent en vrac et forment des piles de souvenirs qu'on triera jamais, parce que c'est bien plus chouette de les garder en désordre. C'est tellement de rires et de jolies choses que c'est impossible à raconter. Mais au moins, on sait qu'éparpillés un peu partout dans la France et en Allemagne, des gens qu'on finira probablement par oublier pour la plupart auront des souvenirs communs aux nôtres.
J'aurais aimé pouvoir raconter ça joliment, de manière ordonée, précisément et sans rien oublier, en donnant aux choses, aux gens, aux moments, l'importance qui leur est dûe. Mais il y a bien trop de trucs qui se cognent et qui trébuchent dans ma tête pour que j'en sois capable. J'aurais aimé pouvoir mieux retranscrire, avec les mots justes, à quel point c'était génialissime, mais j'y arrive pas. Excusez-moi. C'était génialissime. J'aimerais y être encore.
J'ai sûrement changé, en tous cas je le crois. J'ai appris des tas de choses, la sociabilité et la communication même. Surtout. Et aussi qu'il vaut quelquefois mieux être plusieurs que juste à deux.
Et puis j'ai appris [il m'a appris] à avoir des envies, des rêves, des projets et des résolutions plein la tête, et à vouloir les réaliser. Pour de vrai cette fois. Alors si je ne glandouille plus sur mon pc comme avant, ce sera normal, et si je le fais encore, que l'on m'engueule. merci.
scrogneugné par ac-col-ade, le Mardi 17 Août 2004, 18:43 parce qu'elle pam palam.
devenir révolutionnaire apolitique vous aussi
Les revendications :
BubbleGum
C'est joliment écrit...
Très très joliment, même...
Tous ces moments vécus, en vrac, dans le désordre, mais qui resteront à jamais dans notre coeur comme d'inoubliables souvenirs...
Bubblegum