Je retiens souvent beaucoup de choses, y'a des gens au bout d'un an je connaîtrai toujours pas leur prénom, et puis d'autres que je connais très peu et sur qui je retiens tout, même des gens sans importance. C'est nul, je peux même pas avoir l'air d'une gens désinvolte et j'm'en foutiste.
Je retiens un sourire -à pleines dents ou bouche fermée, les lèvres pincées ou écrasées sur la machoire, la bouche large ouverte ou le coin des lèvres pincées- un regard, une expression de visage, un geste, un habitude, une attitude. De chaque personne j'ai un souvenir différent, qui tient en un détail ridicule, plus tout le reste que je ne fais pas exprès de retienir, mais surtout ce détail, détail.
Je peux reconstituer des scènes anodines mot pour mot, gestes, attitudes, lieu, décor. Je les fais revivre dans ma mémoire tous ceux que je perds, comme s'ils me transmettaient encore les mêmes émotions. Et puis dans ma tête ils ne changent pas, ils ne grandissent jamais. Comme une grande pièce de théâtre permanante au fond de mon crâne. Je peux citer mes lieux de vacances dans l'ordre en oubliant ce que j'y ai vu, des prénoms de gens que j'ai vu qu'une seule fois et oublier ceux de ceux que je vois tous les jours.
J'ai toujours aimé me faufiler dans les conversations des autres, sans parler. Je parle peu. J'écoute beaucoup. Juste écouter, prendre un peu de chacun d'eux pour continuer à dresser mes petits portraits, essayer de percer leurs yeux de mon regard, et puis recoller chaque morceau que je leur ai pris dans ma tête. Choisire ce qui fera d'eux mon souvenir-détail, celui que je garderai quand je les aurai oubliés, celui que j'aimerai ressaser, que je raconterai à mes enfants quand je radoterai.
J'ai des images de chacun de ceux que j'ai croisé dans ma tête. Comme des photos en vrac, qui se déteriorent avec le temps et transforment peu à peu les gens. Alors j'ai des photos un peu fausses, qui se sont déformées, j'en ai aussi qui ont toujours été un peu différentes de la réalité, mais elles sont mes souvenirs.
Et il y a tout ce que je garde en tête, que j'aimerais bien oublier, tout ce que les autres ont oublié depuis bien longtemps, et que je suis la seule à garder en mémoire, à ressasser, la seule qui pense encore à ces trucs que je vois les gens.
Quand j'ai commencé à devenir la perstiférées au collège, j'étais devenue complètement parano, je surveillais toujours derrière mon dos, partout, partout, partout, je ne faisais confiance à personne, et j'y pensais sans arrêt. Et quand j'étais chez moi, entrain d'y repenser encore et encore, je me disais que de toutes façons j'oublierais avec le temps.
Mais j'y repense toujours autant quand je les revois.
Oublie le reste du monde car le monde t'oubliera
Les revendications :
Re:
-ahh Strasbourg.... ;) Paraît qu'il y a un parc à Strasbourg ouskeuh l'été y'a plein de gens qui font de la musique partout, et puis y'a pas mal d'années, il jouaient dans les znarbres :)-
Re: Re:
oui oui, avec un lac à côté, je crois que j'l'ai vu aux infos avec l'histoire de la canicule...
moi, le coup des sandwiches, me rappelle surtout que j'ai fait un "aah.. dommage..." tout gêné et déçu quand il a dit qu'il les avait faits (ah, je le voyais déjà garder ses papiers "la brioche dorée" en relevant les miettes de thon, rien que pour pouvoir les réutiliser en se disant que pfiou c'est 'achement plus pratique). je ne suis pas du tout du tout crédule dans mon genre.
[moi me rappelle ta tête quand j'ai répondu à ta zamie "elle pense pas elle s'emmerde" quand elle a demandé à quoi tu pensais. ahah, c'était über-drôle ;oD]
yaha, vive cet été :)
ah. toi aussi ?
(J'ai un miliard de conversations insignifiantes dans la tête. De trucs sans importance mais que j'aurai aimé ne pas dire même si personne n'en garde trace. Et moi des années après, j'en suis encore à m'insulter mentalement pour un truc qui objectivement est insignifiant.
Et puis des trucs que les gens ont dit aussi. On m'a dit de très beaux trucs parfois, mais c'est pas ça qui revient en mémoire.
[et puis j'ai vécut un collège dont je pourrais dire la même chose. Et même chose vis à vis des gens.]).
Bref, pardon de polluer ton blog d'un commentaire nombriliste.
Mais le jour où tu découvres le moyen d'effacer les souvenirs, fais moi signe.
S'il te plait.
an-droid
Maintenant je demande, si y'a des sous-entendus. mais en fait y'en a plus.
Et quand je les revois, je me dis que ahah, regardez moi, j'ai changé, je sais parler, et vous, vous êtes toujours aussi cons.
Sinon, je revois toujours la tête du buraliste se décomposer, comme s'il perdait sa machoire, avec le coup de Winnie... ;oD